Parlons de maturité numérique

Nouvelles

Toute organisation qui cherche à créer un avantage concurrentiel ou à croître a sûrement déjà entendu parler de transformation numérique. Ce terme a été dit et répété par tous les experts du milieu des affaires, des écoles, des firmes de consultation et des ministères provinciaux et fédéraux.

Pourtant, le retard entre le Québec et les pays de l’OCDE ne fait que s’accentuer année après année. En effet, la transformation numérique de la province ne suit pas un rythme assez soutenu, ce qui a un effet direct sur notre productivité et notre économie. Cette tendance est assez importante pour que les experts du Centre sur la productivité et la prospérité – Fondation Walter J. Somers (CPP) de HEC Montréal donnent un nom à ce phénomène, soit le « déclin tranquille de l’économie québécoise ».

On pourrait pointer du doigt nos gouvernements pour ce retard, mais ce serait trop facile. Les subventions fusent de toutes parts et sous toutes les formes, ce qui fait que plusieurs milliards (oui, milliards!) sont disponibles pour aider nos organisations à entamer cette transformation numérique.

Pourquoi ce retard?

Si c’est important, et si tous les gestionnaires avec qui nous discutons sont au courant, alors pourquoi accumulons-nous ce retard?

L’un de nos grands constats est simple : le terme « transformation numérique » ne résonne pas. En effet, pour de nombreux gestionnaires, c’est un terme flou, imprécis et galvaudé qui insinue de signer un chèque en blanc pour un vaste projet avec une date de début, mais sans date de fin. Cette notion semble également difficile à introduire dans une planification stratégique puisque le retour sur investissement est laborieux à calculer et que les responsabilités internes sont impossibles à délimiter. Bref, c’est un projet qui touche trop de sphères différentes de l’organisation et qui peut sembler très risqué.

Toutefois, les études démontrent que : si nous souhaitons renverser la tendance de notre « déclin tranquille », nous aurons besoin de transformer numériquement nos organisations pour affronter les enjeux complexes d’aujourd’hui et de demain, tels que la pénurie de main-d’œuvre.

Parlons plutôt de maturité numérique

Pour démontrer que la transformation numérique est possible au sein des entreprises de toutes tailles, nous proposons justement de ne plus parler de transformation numérique : nous suggérons plutôt de parler de maturité numérique. Nous avons d’ailleurs développé un modèle pour illustrer ce concept simplifié.

D’emblée, la notion de maturité sous-entend trois choses :

  • Il existe un stade de maturité initial pour chaque organisation.
  • Il y a un prochain stade de maturité à atteindre, cohérent avec la maturité de départ.
  • Une organisation peut être mature dans une sphère d’activités et immature dans d’autres.

En d’autres mots, pour parler de maturité, il est impératif d’avoir un point de départ, un point d’arrivée et une unité de mesure.

Les quatre sphères de la maturité numérique

Selon notre modèle, une personne dans un rôle de gestion s’attaquera donc à quatre sphères différentes de maturité numérique au sein de son organisation.

Ainsi, une entreprise de services pour qui la gestion de la relation client est plus critique à sa croissance que la logistique, choisira uniquement de focaliser sur cette maturité numérique-là et d’assumer écart dans les autres sphères d’activités. Alors que pour une entreprise en transformation de matières premières, on priorisera assurément la maturité numérique de la logistique qui est vraiment plus importante!

Pour réussir l’intégration de la technologie dans son entreprise, il faut donc éviter de se lancer dans une transformation numérique qui vise plusieurs sphères en même temps et se base, par le fait même, sur un diagnostic incomplet ainsi qu’un échéancier flou.

Peu importe le cas d’espèce, prendre le temps de réaliser un audit permet de déterminer rapidement le point de départ de ce grand projet. Ensuite, il est possible d’inclure dans une planification stratégique la façon dont l’organisation passera de la première à la deuxième marche en ciblant la sphère précise qui lui permettra de profiter d’un avantage concurrentiel plus rapidement.

Avec un modèle de maturité numérique clair, une personne dans un rôle de gestion élimine le flou de la transformation numérique et ne signe pas un chèque en blanc. Elle peut s’appuyer sur une feuille de route concrète avec un échéancier à haut niveau ainsi qu’un budget beaucoup plus précis.

Dans une série d’articles à venir sur le sujet, nous présenterons les quatre modèles de maturité numérique. Abonnez-vous à notre infolettre pour être prêt à affronter les enjeux complexes d’aujourd’hui et de demain, et restez à l’affût via nos comptes LinkedIn et Facebook.

Source : https://cpp.hec.ca/wp-content/uploads/2023/03/PP-2022-01.pdf

Arnaud Montpetit