Les questions existentielles de votre responsable TI

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Chaque année, la firme de recherche et conseil Gartner mène un sondage auprès des plus hauts responsables TI des organisations en Amérique du Nord et ailleurs (CIO). Cela permet d’identifier les défis, les priorités d’investissements et les aspirations profondes de ces gestionnaires.

Bien entendu, nous lisons attentivement les conclusions de ces sondages, car ce sont souvent de très bonnes indications de ce qui tient certains de nos clients éveillés la nuit.

Cette année, les résultats pour les États-Unis et le Canada nous donnent une vision 2023-25 à travers laquelle se dégagent trois tendances de fond : la sortie de la pandémie, la crainte d’une récession et les opportunités liées à l’intelligence artificielle.

Chose certaine, les CIO ont plus de pression que jamais auparavant : les attentes à l’endroit des TI sont très élevées. En effet, les investissements dans ce domaine devraient augmenter de 4 à 5% par année pendant un certain temps, mais on s’attend à ce que ces investissements impactent directement et rapidement les objectifs phares des organisations.

À la lumière de ces résultats, nous croyons qu’il y a cinq questions clés auxquelles un responsable TI doit absolument répondre pour mener à terme tous les grands projets organisationnels de son département et se donner la latitude d’opérer.

1. Comment diminuer le time to value des projets TI?

Dans un film classique de 1996, on peut entendre l’agent sportif Jerry Maguire, joué par Tom Cruise, crier « show me the money » à tue-tête dans son bureau. Quand nous avons lu le rapport de Gartner, c’est une phrase qui nous est souvent revenue en tête pour illustrer les attentes d’un président ou d’une présidente à l’endroit de son responsable TI.

En effet, il y a une pression grandissante pour démontrer le retour sur investissement des projets TI. Les budgets continuent d’augmenter, mais pas à n’importe quel prix. Il devient impératif que les organisations revoient la couleur de l’argent investi en TI grâce à une croissance des revenus, une augmentation de la satisfaction de la clientèle ou une optimisation des coûts. Gartner nomme ce phénomène « la diminution du time to value », soit la réduction du temps avant qu’un investissement en TI amène des résultats tangibles.

Ainsi, comme responsable TI, pour donner plus de traction aux projets numériques, il est important de présenter des scénarios de time to value qui améliorent les revenus globaux, le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) ou le Net Promoter Score (NPS).

2. Comment démontrer que les objectifs des TI sont alignés avec les objectifs globaux de l’organisation?

Les chantiers en TI sont habituellement de longue haleine. Ces derniers traversent plusieurs années financières et pour certaines organisations, plusieurs comités exécutifs différents. Ainsi, il peut devenir facile de perdre de vue pourquoi un projet est pertinent et comment il s’aligne avec les objectifs, souvent changeants, d’une entreprise.

À chaque mi-année ou lors d’un changement de garde, le responsable TI devrait faire le point avec son président ou sa présidente : est-ce que les objectifs de la haute direction ont changé ? Est-ce que les objectifs des TI, qui ont mené aux différents projets, sont toujours alignés? Est-ce que la façon de mesurer le succès de ces objectifs demeure la même? Ainsi, cette personne peut fournir régulièrement la preuve que le portfolio de projets en TI aide toujours à l’atteinte des objectifs globaux.

3. Comment réconcilier et intégrer les attentes contradictoires, voire conflictuelles, des différentes parties prenantes d’une organisation dans une seule vision TI?

Aujourd’hui plus que jamais, le responsable TI doit jongler avec une série d’attentes provenant des différents membres de l’équipe exécutive (marketing, finances, RH, opérations, etc.), du conseil d’administration et d’autres influences externes.

Dans ce contexte, il doit connaitre et comprendre tous ces points de vue, en plus des dynamiques de pouvoir, des objectifs globaux, ainsi que des orientations de l’organisation.

4. Comment les TI peuvent être utiles pour attirer et retenir des employés?

Dans le contexte où la pénurie de main-d’œuvre bat son plein, cette question est parfaitement légitime. Les quelques études sur le sujet tendent déjà à démontrer que les TI ont une incidence positive sur la l’attraction et la rétention des employés, et ce, particulièrement pour la jeune génération : une organisation en pleine transformation numérique envoie le message qu’elle est dynamique ; qu’elle possède une culture innovante ; qu’elle utilise des logiciels au goût du jour et des technologies novatrice ;, qu’elle optimise ses processus régulièrement afin d’être plus efficace, et même, qu’elle s’inspire de valeurs qui s’apparentent à celles du développement durable!

Bref, il est toujours pertinent de connaitre les projets TI qui peuvent avoir un effet de levier sur la satisfaction au travail et le sentiment d’appartenance des employés à l’endroit de leur organisation.

5. Comment poser les fondations pour accueillir des projets d’intelligence artificielle (IA) d’ici 2025-26?

On dirait que l’intelligence artificielle fait la pluie et le beau temps dans le monde des TI par les temps qui courent. Avec l’arrivée de ChatGPT-3 et 4, plus tôt cette année, tout le monde a été à même de voir la réelle puissance de ce type de technologie. Plus que jamais, on se tourne vers le responsable TI pour avoir des réponses à cette question : « est-ce que l’IA peut nous être utile pour optimiser nos propres processus? »

Pour y répondre, un vieil adage s’applique : « il faut apprendre à marcher avant de courir ». Peu importe l’engouement autour de l’IA, cette dernière s’appuie sur des données pour opérer sa magie, c’est inévitable! Une organisation ne peut donc pas aspirer à une grande progression grâce à l’IA si elle n’a aucune maturité en science des données.

Ainsi, pour le responsable TI, l’objectif devrait être d’augmenter cette maturité et de mettre en place la fondation dans ce domaine à court terme, dans le but de pouvoir implanter des projets avec de l’IA en 2025-26. Quand on parle de fondations, on fait référence au fait de bâtir les capacités et l’expertise en matière de gestion de données, à celui de sensibiliser la haute direction à l’importance de trouver et de structurer les données ainsi qu’à celui d’établir des cas d’utilisation précis et réalistes au sein de l’organisation.

Bref, nous croyons qu’un responsable TI qui est capable de répondre à ces cinq grandes questions pourra, de façon plus proactive, avoir la légitimité d’opérer.

Au cours des prochaines semaines, nous plongerons plus en détail dans chacune de ces grandes questions à travers une série d’articles destinés aux CIO.

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Arnaud Montpetit