De nouvelles applications TI au service de la Santé
Il existe aujourd’hui une multitude de solutions utilisant les nouvelles technologies de l’information (NTIC) en santé. Ces applications facilitent la tâche des omnipraticiens et améliorent les services aux patients. Le Québec peut compter sur un écosystème d’entreprises qui développent des outils, des plateformes et des logiciels spécialement conçus pour les différents besoins du secteur. Puisque je travaille régulièrement avec ces entreprises pour concevoir des applications TI améliorant la prestation de service entre le patient et le personnel soignant, je suis en contact quotidien avec ces innovations dont l’objectif fondamental est de bonifier la qualité des soins.
À cet effet, il est intéressant de constater que les médecins intègrent de plus en plus les solutions numériques (TIC) à leurs pratiques. Selon une étude d’Hacking Health, plus de 80 % d’entre eux utilisent le téléphone intelligent, contre 66 % qui utilisent une tablette électronique, dans leur quotidien professionnel. Fait intéressant, plus de 39 % des omnipraticiens communiquent désormais électroniquement avec leurs patients [1]. Ce pourcentage devrait croître dans les prochaines années.
Turf, une application collaborative
L’industrie des technologies de l’information pour la santé se concentre sur l’interaction entre le patient et le fournisseur de service de santé et entre les professionnels.
Les entreprises de ce secteur développent des solutions qui visent à optimiser :
- Les systèmes d’information cliniques pour les professionnels de la santé ;
- Les systèmes de partage d’information non cliniques pour les chercheurs, les patients et les professionnels ;
- Les systèmes d’information qui servent à optimiser les services administratifs, de l’approvisionnement à la gestion des horaires.
Avant l’avènement des technologies de l’information, les communications entre médecins étaient toujours effectuées par téléphone ou en personne. De nos jours, les équipes de soins peuvent compter sur des outils polyvalents de partage d’information.
Les solutions se multiplient. À titre d’exemple, nous avons contribué au développement, pour le compte de médecins entrepreneurs, d’une application collaborative destinée aux professionnels de la santé.
L’application mobile Turf constitue un outil puissant qui facilite le référencement, le suivi et la communication asynchrone, mais succincte, de données confidentielles sur les patients entre les médecins consultants et les médecins référents. Cette solution permet aux médecins consultants de détailler l’étendue de leur expertise et leurs champs de pratique individuels sous la forme d’un bottin interactif.
Turf est très robuste et permet aux praticiens de collaborer facilement et de se coordonner pour la prise en charge des patients. L’application mobile est structurée comme suit :
- Inscriptions du médecin et description de ses champs de compétences ;
- Bottins des médecins disponibles ;
- Liste des patients actifs et inactifs ;
- Demandes de consultation en cours ;
- Profil utilisateur.
Les bénéfices sont notables pour les intervenants en santé et, par extension, les patients :
- Diminution des intermédiaires et des marges d’erreur ;
- Accélération du repérage de la bonne ressource au moment le plus opportun ;
- Amélioration du lien de confiance et de la facilité des communications ;
- Visibilité et aide-mémoire sur sa propre liste de patients actifs au bout des doigts (mobile) ;
- Augmentation de l’équité dans la prise en charge des cas ;
- Facilitation des processus ;
- Élimination des fax pour les demandes de références en spécialité.
Il s’agit là d’un exemple parmi tant d’autres d’un outil NTIC qui facilite sensiblement la collaboration entre les différentes expertises médicales. En misant sur une circulation d’information plus fluide, en favorisant l’interaction entre les professionnels, l’application Turf contribuera à rendre le système de santé plus efficace, à condition que son adoption se généralise dans le réseau. L’adoption des innovations de ce type constitue un tout autre sujet que nous pourrions explorer dans l’avenir.
Je voulais vous présenter cette application parce que je crois qu’elle a un potentiel énorme. Mais elle n’est pas seule. En ce moment, plusieurs centres hospitaliers ont créé des laboratoires d’innovations. Ces centres de développement invitent des Startups à soumettre leurs projets et contribuent à leur développement.
Ces collaborations ont par exemple engendré la création de plusieurs produits utilisant les NTIC pour la gestion de la logistique d’approvisionnement ou la gestion des horaires des médecins, qui sont d’une grande complexité. Ces petites innovations ont un impact perceptible sur la qualité des services. En proposant un système de gestion des horaires des médecins, par exemple, on leur permet de consacrer plus d’heures aux patients. Toute l’infrastructure de la gestion de la santé profite du développement de ces innovations.
On peut aussi penser aux nouvelles plateformes de télémédecine qui permettent aux médecins de poser des actes médicaux à distance, donnant ainsi un accès rapide aux soins à des clientèles éloignées ou en perte d’autonomie.
Mais ce n’est pas tout. Des solutions de télésurveillance aident aujourd’hui le praticien à superviser à distance les données cliniques, radiologiques ou biologiques d’un patient. Ces données ont été recueillies soit par le patient ou par un autre professionnel de la santé et permettent de poser un diagnostic ou de proposer un traitement plus efficace.
Les innovations foisonnent en TI pour la santé et le tissu industriel québécois est parfaitement positionné pour devenir un leader dans ce marché. C’est ce que nous souhaitons. Une autre avenue prometteuse qui se développe depuis quelques années est celle de la médecine préventive à travers les objets connectés. La question que je me pose : comment est-il possible pour les médecins d’utiliser les données générées par les bios moniteurs personnels, comme IWatch et Fitbit, afin de développer une médecine de prévention réactive ?